« Déconfineurs », « déconfinés », pensons les jours d’après !

De toutes les crises il faut savoir en tirer les enseignements. Certes elle n’est pas terminée, mais déjà elle dégage un aspect positif essentiel qui, au niveau de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, est encourageant. D’abord pour le confinement, ensuite pour l’organiser et enfin pour en sortir. A toutes ces étapes un conseil de crise s’est mis en place pour décider sous la houlette d’un Préfet chef d’orchestre ! Tous ensemble, Préfet, Président du CT, Maire de Saint-Pierre, Maire de Miquelon, Député, Sénateur, Cacima, futur maire de St Pierre, tous autour d’une table pour un même objectif. Celui de privilégier l’humain, de protéger sa santé, d’avoir le soucis commun de ne laisser personne sur le bord de la route ! Pour ces phases, pas de récupération politique et partisane. C’est donc possible !

Il est possible de tout critiquer et de mon côté je ne m’en prive pas, mais il faut bien reconnaître que, lorsque localement les élus et l’État se rapprochent, de ce qui fait sens, tout s’éclaire, tout peut s’organiser, tout devient possible. C’est exactement ce que les habitants de la métropole ne connaissent pas ! Il n’y a pas ce gouvernement de crise rassemblant toutes les forces politiques de tout bord pour mettre au centre de toutes les préoccupations cette humanité qui conduit à ne laisser personne sur le bord du chemin. En s’entourant de gens qui pensent tous la même chose, il n’y a plus qu’un seul qui pense pour tout le monde !

Jusqu’ici, le Gouvernement ne s’est mêlé de rien, sauf à l’accompagnement juridique pour répondre aux demandes de ce comité de crise et ce fut très bien (déconfinement critiquable, mais qui devrait se réaliser au final dans de biens meilleures conditions que dans l’hexagone).

Comparaison n’est pas raison, mais tout de même ! Imaginons un seul instant que pour gérer la crise dans l’archipel, des élus, des parlementaires, la Cacima, la Collectivité, des maires décident chacun de leur côté ? Non, nous ne pouvons même pas l’imaginer ! Et pourtant c’est ce que la métropole vit depuis le mois de février ! A chaque jour sa vérité, ses ordres et contrordres !

Un exemple à suivre

Donc, tous nos acteurs locaux ont démontré qu’ils pouvaient s’entendre sur un enjeu important. Les rivalités politiques et autres, freinent la réflexion et la réalisation de projets. Dans l’archipel comme ailleurs, ce sont essentiellement les projets qui fondent le progrès social, l’humanité, qui font les frais de ces guerres intestines ! S’il s’agit de gérer seulement le quotidien, la politique et les élus sont inutiles. N’importe quel technicien de la chose peut le faire.

Cette crise du COVID-19 pose d’autres questions plus importantes. Elle a mis au grand jour les fragilités de certaines situations. L’importance de la bonne santé de la population et la souveraineté dans les approvisionnements en font partie. Sur ce dernier point et pour notre territoire, comment améliorer très sensiblement notre indépendance alimentaire ? Notre indépendance énergétique ? Comment développer le commerce local ? Comment nous protéger des risques naturels ? Tirer les enseignements de la crise devrait conduire à remettre certains projets sur la table pour étudier, non pas l’originalité architecturale, mais le service nouveau qu’ils peuvent apporter à la population.

Que le Préfet relance pour la 3ème fois un appel d’offres pour les quais des croisières, sans attendre la fin de crise, me pose questions ! On ne peut penser les jours d’après avec les projets d’hier ! Avec un minimum de 12 millions d’euros, qui se traduiront certainement par 20 millions à l’arrivée, est-ce prioritaire ? Les besoins de santé sont-ils tous satisfaits ? Enfance, handicap, grand âge ? N’est-il pas plus urgent de penser au risque naturel qui menace Miquelon ? Etc.

Je suis un béotien en matière d’environnement, mais je sais comme tout le monde que la montée des eaux est un problème qui se pose et va se poser de façon importante dans les décennies qui viennent. Les Pays-Bas se protègent par des digues, des barrages, des écluses, etc. Pour protéger Rotterdam des tempêtes de la mer du Nord, les Néerlandais ont érigé une barrière de protection, « le Maeslantkering ». A Saint-Pierre, faut-il monter des digues tout autour des berges de la ville ou réaliser une barrière de protection à l’entrée du port pour éviter l’inondation ? Si la décision s’oriente vers la fermeture du port (écluse, barrière, etc.) le projet des quais des ferries est-il bien placé au centre ville ? N’est-il pas opportun de penser alors à un quai commun croisières/ferries ? A Miquelon, faut-il déplacer le village ou le protéger par des digues ? Etc.

Il faudrait, dans la même dynamique que la gestion locale de la crise, que l’archipel pense les jours d’après.

De mon côté, j’ai décidé de poser dans mon blog quelques réflexions sur différents sujets ; l’indépendance alimentaire de l’archipel ; un revenu de base ; une monnaie locale ; une révolution fiscale; etc. Ces sujets seront certainement beaucoup plus consensuels que mes critiques. Consensuels car, comme toutes les idées émises dans l’archipel, elles seront noyées dans l’immobilisme ambiant qui consciemment, sait que rien ne pourra se passer sans le consentement des grandes familles. « Cause toujours tu nous intéresses ! ». Alors je cause ! Ce fut le cas pour le projet que j’ai présenté sur la mise en œuvre d’un service de santé au travail ouvert à tous, privé, public, entrepreneur, fonctionnaires, etc., parce que la santé doit rester une priorité. Il en sera de même pour tous les autres projets, si les politiques, les élus, la Cacima, ne prennent pas exemple sur ce qu’ils viennent d’entreprendre pour gérer le début de cette crise. Le BTP c’est bien, les commerces c’est bien, des quais c’est bien, du tourisme c’est bien, mais le futur bien vivre des habitants c’est pas mal aussi non ?

Qui peut mener ce type de réflexion ? Qui peut l’organiser ? Comment mettre en place un comité stratégique et de planification dans l’archipel ? Non pour gérer le quotidien mais pour penser et organiser l’avenir par un développement harmonieux et protecteur de chacun.